Sous-mariniers La Créole

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Coronavirus story part two

Le 16 mars 2020

 

Phase III, jour 2. Jusque là tout va bien laughing

 

J’ai passé une excellente nuit, j’ai dormi comme un bébé. Mais euh, est-ce qu’un bébé peut faire des rêves classés X ? Tien, faudra que j’en parle à mon psy ! Bref, je me lève, je me bouscule et comme d’habitude j’allume la radio. Oh le con ! Qu’ai-je fait ! Fallait pas ! T’a un gusmen qui gueule comme quoi on aurait pas du permettre les élections alors que 3 jours plus tôt le même gugusse menaçait le gouvernement au cas où il aurai l’idée d’annuler ces mêmes élections. Les petits cupidons qui jusque là tournaient dans ma tête s’enfuient à tire d’ailes le visage déformé par l’effroi. J’écrase le bouton off de ma radio furieux d’entendre de telles âneries. Je place un vinyle sur ma platine, les reines de la soul et m’en vais prendre mon petit déjeuner ainsi je peux le prendre en paix puisqu’on me le permet. Ensuite je me prépare pour ma rando du lundi.

Dehors il n’y a personne, tout est calme, reposé, j’entend même les clochettes tintinabuler. J’arrive tout proche de ma grande surface. Ouf, le parking est toujours surbondé signe que les conniosés sont toujours confinés à l’intérieur. En ces heures troubles, j’avoue que cela me rassure. C’est un risque de contagion en moins. Sur les deux virus c’est celui que je crains le plus. Je poursuis mon petit bonhomme de chemin dans la nature environnante au travers de vignes. Il semble que même les animaux prennent leur distance avec moi. Bientôt les maisons se font plus dense etle macadam remplace la terre battue. Puis les trottoirs apparaissent. Soudain, à 200 m en face de moi, sur le même trotinaoir (Ouhai bah j’écris ce que je veux, na ! Ta déjà essayé d’écrire trottoire sans un correcteur d’orthographe, toi le lecteur critique ?). Alors voilà, le bonhomme avance vers moi et moi vers lui (tu suis là ?). Immanquablement viendra le moment de la rencontre. Le stresse monte. Un rapide calcul montre un CPA nul, route de collision. La sueur perle de mon front, la peur me gagne. Je tente de deviner ses intentions et je pense qu’il en est de même pour lui. 100 mètres, ça craint. Je tremble. Faudrait pô qu’on en arrive à se faire la bise ! Le risque s’accentue au fur et à mesure que la distance décroit. 50 m, que faire. Demi-tour ? Impensable, je suis un mâle, blanc de plus de 50 ans, les pires qui existent sur terre ! 30 mètres, ma respiration est saccadée, je le regarde droit dans les yeux et m’aperçois que lui également. 20 m, le stresse est à son comble. Instinct de survie, atavisme, je ne le sais pas mais je m’écarte sur la droite. A ma grande stupeur au même moment lui aussi en fait de même. On se croise donc à distance plus que raisonnable et l’on s’envoie un sourire de connivence rassurer d’avoir échappé au pire. Heureusement que ce n’était pas un anglais me dis-je dans ma Ford intérieur. Je continu plus que jamais sur le qui vive car je pénètre en centre village. Il me faut me rendre à la pharmacie pour prendre une boîte de médicament. Tout se présente bien, personne dans la rue et la pharmacie est ouverte. Je vais pour entrer quand je me rends compte qu’il y a des gens à l’intérieur. Des affiches sont placardées et les gens sont espacés de 3 mètres environ. Bien, très bien me dis-je. Donc j’en fais de même. Cool Raoul ! Brusquement on me pousse dans le dos et une voix féminine me dis d’avancer. Je me retourne et horreur une dame est contre moi, l’air revêche et un tantinet énervé. Là, la colère me prend et je tousse 3 fois dans mon coude. Stupeur dans l’officine, tout le monde me regarde avec des yeux qu’on dirait les billes du loto. La dame s’écarte vivement de moi. Amusé je rassure tout le monde en disant que je n’ai rien mais qu’il y avait une dame qui ne respectait pas les distances de sécurité. Les clients rassurés me font un grand sourire et m’applaudissent ! Ouha, Tri Yann à l’Olympia annulé, Yannick dans la pharmacie applaudie. Hi, hi, hi. La dame revêche fait demi-tour et s’en va honteuse et vitupérant sans demander son reste. Damned me dis-je, le confinement des conniosés au super U n’est pas efficace ! Mon tour arrive. La pharmacienne derrière une barrière me demande ce que je veux. Elle porte une blouse blanche, des gants, un masque FFP2, une charlotte et une paire de lunettes de protection. Elle me semble un poil stressée. Me ramène ma boîte de médoc. Je lui présente mon sac à dos pour qu’elle jette la boîte dedans. Du bout des doigt je lui tend un billet. Elle va chercher la monnaie et je lui re-présente mon sac. Elle jette les pièces dedans et fin de l’aventure. Je ressors et les gens s’écarte sur mon chemin un air de connivence sur le visage. J’ai l’impression d’être un héros mythologique. J’ai le sourire aux lèvres.

Un camaïeu de gris décors le ciel abandonné par le soleil. Le temps est calme, idéal pour dérouler les kilomètres. Les vignes succèdent aux champs et toujours personne pour troubler mon périple. A un moment je repasse non loin de la grande surface qui semble toujours aussi bondée. Je prends la décision de ne plus y aller. J’imagine le bouillon de culture que ça doit être là-dedans. Y aller c’est prendre le risque de chopper les 2 maladies. Je trouverai un plan B (suis spécialiste des plans B !).

Voilà je suis rentré. Lavage des mains et je me met à écrire.

Prenez soin de vous, prenez soin des autres et que la force soit avec vous !

 



17/03/2020
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